1 - 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

T.01 - L'Apothicaire du diable

Glénat BD

1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

Disponible
35,00 €

Conseillé par Tony L. (Libraire)

louise a aimé

Embarquez à bord du Jakarta! Si vous croyez faire fortune, misère et humiliation seront plutôt du voyage.
Nous observons la pression monter au sein de ce huit clos où tous les maillons de l'échelle sociale sont représentés.
Un navire chargé d'or révèle la noirceur de l'âme humaine!



Conseillé par Eric R. (Libraire)

Master and commander

Les Bd de piraterie ont le vent en poupe. Le talentueux Dorison s’inspire d’un fait historique pour créer un album à la tonalité sombre. Pas de capitaine flamboyant, de matelots sans peur, ni d’abordages. Avec 1629, on entre dans le quotidien d’un navire, un fleuron de la flotte commerciale où la qualité du bateau n’a d’égale que le niveau de maltraitance de ses matelots, dont certains n’avaient droit de sortir des cales qu’une demi-heure par jour. Dans les cales comme dans l’histoire tout est noir et désespérant.

Dans ce premier tome d’un diptyque nous partons sur le Batavia, un navire hollandais affrété en direction des Indes par la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, bâtiment qui va faire naufrage, dans la vraie vie et à la fin de l’album, le 4 juin 1629 au large de l’Australie. C’est l’existence de l’intérieur que nous apprenons à connaitre tout au long des semaines de navigation.

Les dessins de Timorée Montaigne sont au diapason de ce scénario ambitieux. Ils décrivent magnifiquement les trognes patibulaires de ces hommes qui n’ont comme envie que survivre. Les scènes maritimes, parfois éclatées en de multiples cases, sur un fond souvent noir, font ressentir la houle, la brisure de la coque, le grand large. Le grand format laisse la place à l’espace infini de l’océan et la finition soignée de l’album avec une très belle couverture toilée complète cette réussite esthétique.


Dans ce premier tome d’un diptyque nous partons sur le Batavia, nom hollandais du Jakarta, un navire hollandais affrété en direction des Indes par la VOC, Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, bâtiment qui va faire naufrage, dans la vraie vie et à la fin de l’album, le 4 juin 1629 au large de l’Australie. C’est l’existence de l’intérieur que nous apprenons à connaitre tout au long des semaines de navigation, celle des 180 hommes d’équipage, de quelques femmes, d’un petit groupe de chefs qui n’a pour ambition qu’un voyage le plus court possible pour ramener de la marchandise lointaine et rare, au moindre coût. Une seule valeur aux yeux de tous enfermés dans un huis clos étouffant, l’argent, valeur que partagent les actionnaires de la compagnie sagement assis dans leurs fauteuils à Amsterdam et qui attendent de ce voyage l’accroissement de leurs fortunes. Empathie, amour, amitié sont totalement absents d’un univers déshumanisé dans lequel compte le seul profit.
On pense bien entendu aux débuts d’une forme de mondialisation et d’un capitalisme naissant que la société hollandaise de l’époque préfigure mais les auteurs agrègent à cet environnement économique une autre question essentielle, celle du pouvoir de quelques uns et de la soumission de la très grande majorité à cette autorité, ce que Dorison appelle la « soumission volontaire ». Sur le bateau, la hiérarchie est clairement établie avec la présence d’un subrécargue « dont les pouvoirs - cas unique dans l’histoire - dépassent ceux du capitaine ». Doté d’une forme de pouvoir absolu alors qu’il est seul face à plusieurs dizaines d’hommes, il dirige, ordonne, juge, maltraite, proclamant «qu’en matière de pouvoir ce qui compte ce n’est pas ce qui est écrit mais ce que l’on croit ». Le processus de domination est ainsi parfaitement décrit qui fait hésiter la majorité à la rébellion parce que « c’est contre la loi … ». Certes les punitions terribles et minutieusement décrites, les vexations, les intimidations, les conditions de vie effroyables sont le socle de ce pouvoir mais elles seraient insuffisantes si elles n’étaient accompagnées d’un sentiment irrationnel: la peur, cette peur qui assure tant bien que mal la cohésion du groupe.
Les dessins de Timorée Montaigne sont au diapason de ce scénario ambitieux. Ils décrivent magnifiquement les trognes patibulaires de ces hommes qui n’ont comme envie que survivre. Les scènes maritimes, parfois éclatées en de multiples cases, sur un fond souvent noir, font ressentir la houle, la brisure de la coque, le grand large. Le grand format laisse la place à l’espace infini de l’océan et la finition soignée de l’album avec une très belle couverture toilée complète cette réussite esthétique.